lundi 20 mars 2017

Spontanée...

Pâques 2005, premier brassin, temps ensoleillé, les premières buées sortent de la cuve d'empâtage....

Première bière, l'idée: une dominante acidulée, légèrement ambrée/cuivrée. Son nom: Bulles de Vignes..

Un essai lié à ce patrimoine brassicole gustatif acquis au fil des voyages et des rencontres. Une bière acide en 2005? Pourquoi pas...

Un brassage plein d’embûches, et le tuyau à la sortie de l'échangeur éclate. Stress et rafistolages ponctuent la journée... Malgré les galères, la journée s'écoule. L'ébullition arrive et là , pouf, la cuve déborde. Brasseur amateur, c'est une chose, devenir professionnel, c'est prendre conscience de certaines réalités.... Le brassage nous rappelle à l'ordre à chaque étape!
Première installation...




















Les doutes sont là mais peu à peu le transfert vers le fermenteur s'approche, en même tant que la nuit. Les potes s'occupent de l'omelette...

Moment de doutes...
Le transfert réalisé, c'est un petit moment de bonheur enrobé d'une collection de doutes. Comment se passera la fermentation? Aurons- nous cette bière dans l'esprit des "lambics et des gueuzes"?

Étonnement, la passion nous fait oublier la question essentielle: comment le consommateur accueillera-t-il une bière acide dans l'"esprit spontané" au pays du classique demi avec du sirop de fraise?

Deux mois plus tard, d'autres brassins sont nés et notamment la "Clandestine", mais notre première bière "Bulles de Vignes" est toujours dans le fermenteur... De dégustations en dégustations, les doutes s'estompent et reviennent. Parfois goûteuse et agréable, parfois désagréable et déséquilibrée, la bière vit...

Six mois plus tard, on embouteille, Bernard et Arno sont ok. Allez, on y va!

C'est la naissance de la Bulles de Vignes.

Une des premières bouteilles....


Peu à peu, la bière s'affine mais le public local est dérouté, me prend pour un fou.

Qu'importe, la brasserie développe sa gamme et rebrasse cette Bulles de Vignes deux ans plus tard. En alternance avec la Bulles de Vignes, naîtra la "Vent d'Anges" - merci Nono!

Toujours incompris, on continue notre chemin de croix brassicole...et les années passent.
Peu à peu, certains curieux, certains amateurs découvrent cette "Bulles de Vignes".

Après avoir été rejetée, elle intrigue....

Bulles de Vignes et Vent d'Ange grandissent dans un monde brassicole en pleine évolution.
L'amertume revient au goût du jour, l'acidité reste elle au banc des accusés.


2007, quelques signes d'encouragement avec un premier article... On continue.

Les années passent, les IPA se développent, les bières acides restent marginales.

Mais notre petit cerveau se dit: "Ce renouveau du houblon passionnant ne sera que précurseur de l'acidité des bières, soyons patients.."

Dans des rêves brassicoles, on s'évade en pensant au dolo, bière africaine familiale de fermentation spontanée...

2012, la brasserie déménage et s'installe dans une mégisserie. L'architecture du bâtiment nous fait saliver: un bâtiment en bois, situé perpendiculairement au lit de la rivière, doté de clayettes orientables permettant le passage du vent...

Tiens donc...




















Très vite, l'idée d'un refroidissoir émerge...faire une véritable spontanée dans le Sud-Ouest. Chut, n'en parlons pas, rêvons....

5 ans plus tard, le refroidissoir est là, situé au troisième étage, large de 3 m, il épouse les clayettes situées entre les structures en pierre.

Allez, le 23 février 2017, l'aventure commence. Le temps extérieur est au beau fixe. La température est de 2°C à 8h du matin. La nuit qui suit...une fraîche température est prévue...

Les matières premières locales proviennent de la Malterie du Vieux Silo située à 30 km. Le houblon sauvage en fleurs cueilli en septembre 2016, légèrement suranné...



Le brassin commence...et comme douze ans en arrière, stress et doutes sont là. Pouf, vers 10h30, le moteur de l'agitateur montre de dangereux signes de faiblesse.



La galère arrive mais l'expérience nous permettra de gérer le brassin. 18h15, c'est l'instant, on lance la pompe pour monter le moût vers le refroidissoir...La pompe sera-t-elle assez puissante? 6.50 m l'attendent.

Quelques instants d’inquiétude et ouf, le moût arrive...Densité initiale: 1054 - heure: 19h40.






Le lendemain, le moût au repos nous dévoile une température de 9°C, on le transfère dans les quatre tonneaux et c'est parti pour des jours d'attente, la fermentation spontanée va -t-elle démarrer?

5 Mars, telle une fleur qui s'ouvre, les fûts moussent....







Maintenant, patience, on n'est plus à douze ans près....

                                                                                                    Stéphane


















lundi 13 février 2017

Le temps de la bière...

Ce livre, c'est Ronny Coutteure qui l'a écrit. Un temps si proche, si loin.

Un livre, un titre qui amènent réflexions et regards sur notre monde brassicole qui bouge bien vite...

Mouvement perturbant et enrichissant. Riche ce monde qui séduirait Ronny, Philippe mais qui peut-être leur ferait un peu peur...?
Un monde tellement effrayant et envoûtant qu'à nouveau un philosophe truculent est parti... Olivier Sénéchal.

Une génération s'en va, une pointe de nostalgie surgit: qui reprendra ce suave flambeau qui mélange histoires et saveurs? Je ne sais point, mais les nouveaux Philippe, Olivier, Ronny, Michael sont là: ils travaillent et goûtent, à nous de les rencontrer et de les découvrir.
Certains nous accompagnent encore et sont les chaînons générationnels...

Une génération nous quitte, une autre arrive, certains font le lien, alors sachons faire vivre cette convivialité qui aurait parfois tendance à s'évanouir....!


Les uns et les autres m'ont accompagnés. Des clins d’œils, des leçons de saveurs, des verres autour desquelles nous avons trinqué...

Belles saveurs, jolis instants, qui m'ont fait grandir.
Ces amoureux de la mousse m'ont offert cette idée de  partage et de la transmission.

Allez savoir, si tous réunis, ils ne sont pas en train de mijoter une mousse de derrière les fagots....coquins qu'ils sont!
Hauts en couleurs, Philippe, Michael, Olivier, Ronny sont les Cabu, Wolinski et autres de la bière...



Au final, bien au-delà de la bière, ce sont surtout des valeurs de partage que m'auront offert ces seigneurs...

Buvons, dégustons, mais surtout n'oublions pas de partager!

A la vôtre, nom de dieu!
                                                                                             Bises...
                                                                                                                    Stouf

mardi 3 janvier 2017

Houblons sauvages: Octobre 2006...

12 années que la brasserie flirte avec les malts et les houblons. 12 ans pour appréhender, comprendre. Des doutes, des saveurs, des émotions, des rencontres...
Vierge, il y a 12 ans, notre monde brassicole s'est peu à peu dépucelé et enrichi.

Dans ces méandres de créativité, le houblon est devenu une denrée rare, une matière à la mode.

Des questionnements sur le houblon? Toujours j'en ai eu...

Allez, pour cette nouvelle année, je vous offre ce texte écrit en octobre 2006:




RAMASSAGE DU HOUBLON


Dimanche, jour d’automne, le soleil décline. Pourquoi ne pas se laisser tenter par une cueillette de houblon sauvage ? Ma MZ fétiche ne peut malheureusement plus me porter vers une telle aventure, je choisis donc d’utiliser une automobile à quatre roues pour réaliser ce glanage. Houblon sauvage que tu es? où te cache-tu ?…En latin « humulus lupulus » signifie « plante du loup »…seras-tu aussi difficile a trouver que le loup ?

            Les routes départementales m’emmènent près de petits cours d’eau et notamment le long de la Vendinelle. Petit ruisseau de la Haute-Garonne, la Vendinelle au nom empreint de poésie et peut-être de légendes brassicoles est fortifié par de grandes murailles de ronces. Carcassonne en serait jalouse !
            Mes connaissances sur le houblon sont superficielles, néanmoins je sais que le houblon est très friand de haies lui servant de support ainsi que de l’humidité des cours d’eaux alors j’observe, je regarde…
            Et voilà qu’au bout de quelques minutes seulement, cette belle fleur s’offre à moi. Sa couleur vert clair qui contraste au vert foncé des ronces l’a trahie. Malgré ses efforts, le houblon ne peut se cacher.

            Il est alors temps d’aller à la rencontre des ces fleurs. La cueillette commence au milieu de ces couleurs d’automne. De plants en plants, on découvre des fleurs plus grosses, presque fanées, parfois brûlées par le soleil. Des parfums puissants nous suivent tout au long de notre ballade. Les tournesols grillés que nous rencontrons nous rappellent qu’il est important de cueillir rapidement ces petits boutons de houblons. En effet même ces gaillards de tournesols ont succombé aux flammes du soleil.
            Mais pourquoi glaner, récolter ces petites merveilles de parfums ?



            Plaisir, simple plaisir…petit bonheur instantané d’automne. Volonté de connaître, de rencontrer cette plante source d’amertumes, de fraîcheurs, d’arômes dans notre breuvage préféré…
            Désir de côtoyer cette matière première en espérant brasser son propre nectar avec sa propre récolte. C’est aussi se ressourcer avec ces matières premières qui donnent naissance à nos bières favorites.
            Voilà c’est simplement comprendre la bière et apprendre à mieux l’aimer.
            Alors n’hésitez pas…partez un après-midi d’automne cueillir quelques fleurs de houblon.

Et puis si brasser n’est votre tasse de bière alors laissez-vous tenter par un bain de houblon…inoubliable !

                                                                                  Stouf, houblonneur du dimanche. 


Bonne année 2017 et que le houblon continue à nous émerveiller...